Lisbonne

Derniers jours en Europe

Maxime Portugal 1 Commentaire

De retour après quelques jours fantastiques à Barcelone (merci Claudi !), je passe deux nuits dans l’appartement de Patricia et Léo à Porto après y avoir récupéré mon vélo. Suite une chute apparemment anodine survenue peu avant mon départ pour Barcelone, une de mes côte est légèrement fissurée et je préfère me reposer un peu avant de reprendre la route.

Patricia m’accompagne pour rejoindre une piste cyclable trop bien cachée pour un touriste comme moi. Le ciel est gris et l’air froid sur ma côte me fait souffrir. Après à peine 45 km, je m’arrête dans un bois non loin de la plage d’Esmoriz, le moral dans les chaussettes. Je reste planté là durant plusieurs heures, assis dans les branches et aiguilles de sapin jonchant le sol à me demander ce que je fous là dans cet état. Je me motive finalement à monter la tente et à m’allonger au chaud. Un carré de chocolat me redonne un peu le sourire. Un vent du sud se lève à l’aube et fait monter le mercure à 15°C.

Malgré le temps maussade et la pluie intermittente, le lagon d’Aveiro est resplendissant et les moliceiro, bateaux de pêche traditionnels portugais, me transportent dans un autre temps. Sur 45 km se succèdent les embarcadères de bois et petits ports de pêche. Ce trésor national portugais est l’un des derniers marais côtier primitif d’Europe. Je traverse l’estuaire en ferry et plante la tente quelque part dans la Forêt National des Dunes de Quiaios entre deux averses. Il est 17h30, la nuit est déjà bien installée et je me mets au lit !

Réveil difficile, la tente est trempée et le sable s’infiltre partout. Je m’arrête pour déjeuner dans un café à Tocha et j’avale sans m’en rendre compte une dizaine de petits pains et pâtisseries portugaises. Quel bonheur de manger ce qu’on veut quand on veut !

 Au milieu de l’après-midi, Antonio me hèle du bord de la nationale :

 – « Hey ! t’as besoin de quelque chose ? Je suis aussi un cycliste comme toi ! »

– « Ouais, je cherche un coin pour ma tente pas loin d’ici.. »

– « Pas de soucis par là bas mais viens plutôt dans la maison de mon père ! »

Pour la première fois du voyage je reviens en arrière sur quelques kilomètres, quelle drôle de sensation, j’ai l’impression de rentrer. Antonio me donne rendez-vous deux jours plus tard pour m’héberger cette fois ci dans son appartement, à quelques 150 km au sud. Devant le miroir et sur la balance je constate les conséquences du voyage à vélo sur mon corps. Déjà pas bien épais au départ, les muscles du buste ont fondus au profit des quadriceps et des mollets.

Je continue ma route jusqu’à Nazaré sur un belle voie cyclable sous un grand soleil. Je m’arrête longtemps vers le phare de Sao Pedro de Moel à contempler le vain et perpétuel défi des déferlantes s’écrasant contre les rochers. Quelle puissance !

Peu avant Nazaré, je crois trouver l’endroit parfait pour camper, légèrement en hauteur et l’océan sur presque 180°. Les occupants des voitures parquées à proximité me dissuadent de rester ici. Quelque chose me dit que tout ces hommes assis seuls dans leur véhicule n’attendent pas le coucher de soleil ! Je pousse mon vélo dans le sable sur quelques centaines de mètres et trouve finalement un coin sympa dans une pinède. Malgré les 400 mètres qui me séparent de l’océan, je ressens les vibrations des gigantesques déferlantes fréquentes dans la région, parfois parmi les plus hautes du monde.

Je prends le ptit déj’ à Nazaré et passe une dernière fois du temps à observer l’océan puis rentre dans les terres pour 80 km de route nationale jusqu’à l’appartement d’Antonio. Je traverse la rue centrale de Caldas da Rainha, toute pavée comme dans la plupart des villes portugaises où j’ai roulé. Mon guidon dévisse, l’horizon change brusquement de cap et je m’envole au milieu de la route. Mon vélo, penaud, git sur le côté, les deux sacoches avant à terre. En voulant éviter un dos d’âne, une sacoche avant a heurté un pot de fleur au bord de la route. Heureusement rien de cassé cette fois ci. Je me remets sur pied et relève péniblement le vélo au milieu de dizaines de personnes, pas une pour m’aider !

Je passe deux nuits dans la famille d’Antonio où le mot hospitalité prend une nouvelle dimension. Antonio et sa femme Cristina sont enseignants et me parlent des effets de la crise actuelle au Portugal. L’Etat coupe drastiquement dans l’éducation, leur salaire a été réduit de plus de 40% ces deux dernières années et les enseignants sont poussés à démissionner.

Le lendemain j’accompagne Antonio pour visiter le FabLab (EDP) de Lisbonne et y rencontre Ferdi’, un allemand jamais rentré de son périple à vélo de Munich il y a quelques années. Ferdi’ m’invite à passer quelques jours chez lui au centre ville en attendant mon cargo. J’en profite pour faire un peu de pub pour le projet de FabLab à Fribourg en pleine campagne de financement  !

Samedi en journée, je téléphone à l’agent à Lisbonne pour obtenir les dernières informations d’embarquement. Et là, grosse désillusion.

– « Et bien, le bateau est encore retardé mais il est probable qu’il ne s’arrête même plus à Lisbonne et se rende directement au Brésil, je te tiens au courant »

Quelques heures plus tard, la confirmation tombe. Le bateau ne s’arrêtera pas. Je reste assis un instant un peu choqué de la nouvelle…

Le lendemain je réserve un avion pour la Suisse et m’envole pour passer les fêtes en famille. Retour à Lisbonne le 1er janvier puis direction la Patagonie…!

Commentaires 1

  1. Babo

    Une nouvelle fois c’est un plaisir de te lire !
    Je pense que toutes ces personnes seules dans leur voiture près de Nazarée attendaient LA vague… « The geant wave »
    Ton arrivée à la maison cette veillée de Noël fut un magnifique cadeau
    Merci !

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