Des méandres et des cycles

Maxime Allemagne, Pays-Bas 8 Commentaires

La Sarre ne survit pas longtemps à mes quadriceps requinqués par deux jours de pause et m’offre un point de vue sur son principal méandre avant de se laisser mourir dans la Moselle, non loin de Trève. Je continue mon chemin sinusoïdal en évitant les rudes déclivités des vignobles présents sur les deux versants de la vallée de la Moselle. Certaines courbes sont très accentuées et la distance à vol d’oiseau pour traverser leur lobe représente parfois seulement dix pour cent de la route fluviale, me donnant quelques fois l’horrible sentiment de faire demi-tour. L’activité touristique de la région tourne autour de la viticulture et de nombreuses Gasthof  proposent le gîte et la dégustation du produit local. Chics mais pas guindés, ces établissements sont toutefois encore trop raffinés pour un cycliste pas abonné au miroir matinal. Après une nuit passée entre un pied de vigne et la rivière, je me pointe dans l’un de ces hôtels tout blanc pour y déposer mon marc intestinal et boire un café : le réceptionniste rigide m’indique poliment de rester sur la terrasse.

La Moselle disparaît à son tour dans le Rhin à Coblence et j’y retrouve Michael, un cycliste suisse voyageant également autour du monde chez qui j’ai créché dans le Jura. Nos deux expériences se mélangent et forment désormais un nouveau périple dans l’ancienne Rhénanie. On traverse des environnements bien différents de ceux découverts le long de la Sarre et la Moselle. Au revoir les vignes et les pistes cyclables tranquilles, bonjour l’industrie germanique et les mauvais trottoirs reconvertis pour leur moitié en « voie autorisée aux cyclistes ». Les périphéries des villes industrielles de Bonn, Cologne et Düsseldorf sont aussi moches qu’étendues et nous mettons pas moins de trente minutes pour contourner l’usine Ford et ses trois stations de train. Les cheminées semblent alimenter le ciel grisâtre.

On entre aux Pays-Bas par Nijmegen après trois longs jours de pédalage et y découvrons la culture vélocipédique du pays, particulièrement perceptible dans la région d’Utrecht où la petite reine a clairement supplanté la voiture. La majorité des routes sont flanquées de pistes cyclables unidirectionnelles et plus d’une fois on se retrouve à contre-courant. La discipline des cyclistes-commuteurs choque avec les deux cyclotouristes chevronnés que nous sommes ayant pour habitude de rouler où bon leur semblent et nous percevons quelques regards peu empathiques. En ne trouvant pas notre direction après une intersection, on s’aventure tels des hérétiques de la bicyclette sur le bas-côté étroit d’une route secondaire limitée à 80 km/h. En quelques secondes seulement et après de nombreux klaxons de conducteurs désaccoutumés du dépassement de pédaleurs, on s’imagine presque s’être engagés sur l’autoroute à contresens ! Paradoxalement, on est surpris et un peu déçus par l’absence quasi généralisée d’aménagements aux abords des pistes cyclables, comme des bancs ou de l’eau potable.

Après du repos à Amsterdam, on longe la mer du Nord (plus précisément la mer des Wadden) sur les 32 kilomètres interminables de la digue Afsluitdijk reliant Den Oever au village de… Zurich !

Commentaires 8

  1. Thomas

    Tu cliques sur le lien pour arriver sur cette page et… la baffe des photos te chope le coin de la poire. Effet wow garanti !

    Léger contraste avec le texte, apparemment t’as pas franchement adoré l’Allemagne et la Hollande 😀

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  2. La madre

    Coucou !
    Je plonge dans tes textes comme on le fait avec un bon bouquin …quel régal ! Côté photos, comme d’hab’ …je reste scotchée et ça donne envie 😀
    Bisous
    Babo

  3. Hildegard

    Salut Maxime,
    des super belles photos!!! Surtout celle de la Saarschleife (boucle de la Sarre). Apparement tu l’as prise le matin. T’as trouvé un refuge pour passer la nuit là haut? Et comme je vois tu Profite bien du luxe d’ un Fauteuil Helinox. Bonne continuation avec de belles aventures.
    Hildegard (Saarbrücken)

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      Maxime

      Salut Hildegard et merci pour ton message !

      J’ai hésité à monter là-haut, mais j’ai très bien c’était magnifique ! Il y avait une petite cabane où j’ai pu dormir.

      Merci pour tes conseils, je les ai tous suivis : Saarschleife, Helinox, Lentilles-curry-pomme !

  4. Leïla

    J’adore! Merci de partager toutes ces belles aventures!
    En effet y a un contraste entre ton récit et les photos, mais ca montre que malgré le fait de moins apprécier un endroit, tu peux tout de même y voir le positif!
    Je me réjouis particulièrement du prochain article! Tu vas faire des jaloux!
    Profite bien, belle route!

  5. Marlène Rosset

    Bonjour Maxime. On ne se connaît pas. Je ne sais pas comment j’ai aterri sur votre site (apparemment par l’entremise de celui d’un ami qui fait « un tour du monde » à vélo et se trouve actuellement en Norvège. Vos photos sont superbes et j’aurais beaucoup de plaisir à suivre votre périple. Je vous souhaite encore de belles découvertes et quelques péripéties qui agrémentent toutes aventures. A bientôt peut-être !
    Amicalement et avec beaucoup d’admiration.

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