Fri teltning

Maxime Danemark 3 Commentaires

On s’évite un long détour par Hambourg en se payant une traversée sur l’embouchure de l’Elbe et entrons au Danemark deux jours plus tard. Les prix changent radicalement depuis l’Allemagne ce qui n’est pas le cas de l’horizon. On avance toujours au milieu des champs, du vent et des éoliennes. Je me questionne. Ai-je encore envie de rouler dans ces paysages monotones aux routes rectilignes ? Sur deux mille kilomètres seuls le Mont-Crosin et le Ballon d’Alsace ont proposé des déclivités et le plus petit plateau de mon pédalier n’a pas souvent vu la chaîne. Mon esprit réclame davantage de lacets et de grands espaces et j’hésite à prendre un train jusqu’au nord du Danemark pour avancer le rendez-vous avec les montagnes norvégiennes. On en discute avec Mica qui n’est pas très motivé par cette idée. Le prix exorbitant qui nous est demandé joue l’arbitre et la traversée du Skagerrak est finalement réservée pour la semaine suivante, nous laissant ainsi six jours pour pédaler trois cent cinquante kilomètres. Notre rythme ralenti dès lors et l’on tombe coup sur coup sur une carte des fri teltning (des endroits de diverses natures où l’on peut camper gratuitement) et sur les collines bienvenues de la route cycliste nationale numéro 3.

Désormais l’objectif journalier consiste à rejoindre l’un de ces emplacements à proximité d’un lac. Les journées sont courtes et toutes ponctuées d’une baignade et d’un coucher de soleil. On fait défaut un soir au fri teltning déjà occupé et bivouaquons sur le toit d’un fort datant du XVe siècle dans un magnifique panorama dégagé dans toutes les directions.

Les kilomètres défilent ainsi jusqu’à Hirtshals, ville portuaire du nord du pays desservant la Norvège et la Suède. On embarque pour Stavanger et accotons nos vélos à l’emplacement réservé aux deux roues. L’autocollant en lettre de sang sur lequel je lis « protected by extreme violence » de la moto blanche aux flammes noires se garant devant mon vélo me fascine moins longtemps que son conducteur : tatoué des pouces à la nuque, le regard inexpressif de goéland et le visage fermé sauf la bouche, ce jeune rebelle a sans doute quelque chose à compenser. Le badge à l’arrière de son blouson me confirme l’appartenance à une clique has-been : « Hell’s Angels — sourire c’est mourir ». Je monte sur le pont photographier les autres mouettes planant dans le vent du nord comme suspendues dans les airs.

Commentaires 3

  1. Leïla

    Décidément tu dois être voué aux photos pour les pubs de tentes! En tout cas, je suis certaine que MSR pourrait convaincre bien des gens d’opter pour leur marque avec une telle photo! 😉

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