Première semaine, pluie et rencontres

Maxime France, Suisse 12 Commentaires

Moi qui mange comme un ogre le matin, en ce samedi de départ mon ventre se contente de picorer… 11h, je profite des derniers instants en famille, retiens quelques larmes en embrassant mes parents et quitte la maison. Les premiers coups de pédales sur ma monture ne sont pas faciles et chaque déclivité me rappelle son poids. 60 Kg à la pesée matinale, j’ai probablement surestimé -pour me rassurer sans doute- la nourriture et l’eau à emporter pour cette première partie helvétique.
Mon frère Thomas m’accompagne pour cette journée de départ. La pluie fait son apparition en fin d’après-midi et nous campons dans une clairière après 45 km. Je peine à trouver le sommeil et me réveille chaque heure au son d’un clocher voisin. La matinée est chargée d’émotions, Thomas repousse son retour plusieurs fois et finalement après une dernière bière entre bro’, nous nous séparons à la gare de Morges. Je rejoins la route du Rhône les larmes aux yeux, mon voyage tant attendu commence enfin.

Je campe au bord d’un champs vers Gland, me fais du riz au réchaud et allume un feu de bois pour le fun. Au matin, je plie rapidement bagage et extirpe mon vélo de la boue. Le ciel est gris sombre, j’attends la pluie d’un moment à l’autre. C’est lors de mon petit-déjeune à Nyon (flocon d’avoine-eau-sucre) que je célèbre ma première relation sociale de l’aventure:

– Salut l’ami
– Salut !
– Tu me donnes 2 sous pour manger ?
– Euh pas vraiment, mais si tu veux tu peux partager mon déjeuner
– Non, aller a+
 

La pluie fait son apparition quelques minutes plus tard, et je m’équipe de mon attirail de défense aquatique. Je traverse Genève le plus vite possible sous des trombes d’eau, je veux quitter cette ville illico presto. La pluie forçant et mes recherches d’hébergement via Warmshowers n’ayant rien donné, je cherche et trouve l’hospitalité chez un couple de retraités. L’accueil, Micheline et Gilbert l’ont dans les gènes et me traitent comme un fils. Au programme, cours de cuisine (qui cuisine mieux qu’une grand-maman ?), soupe de courge, pâtes au citron et compote de pommes. Je les quitte le matin non sans emporter le reste de soupe, l’itinéraire ViaRhôna spécialement imprimé par la voisine et un merveilleux souvenir.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, je croise quelques minutes plus tard Flavio et Delphine, un couple italo-suisse découvrant le cylcocamping et rejoignant la Mer en longeant le Rhône. Nous sympathisons rapidement et découvrons ensemble  les panoramas magnifiques de la vallée du Rhône. En fin de journée après avoir été à nouveau trempés par la pluie, nous campons à Ruffieux sur le terrain de squash d’un camping, les emplacements réglementaires étant trop marécageux. Nous discutons longtemps autour d’un verre de rouge, d’une tomme de Savoie et de la viande séchée des Grisons. Je partage ma soupe de courge, nous prévoyons de continuer la route ensemble le lendemain, l’ambiance est au top.

Le lendemain nous apprécions les quelques éclaircies ainsi que les nombreux kilomètres de voies vertes. Les chemins en lisière de forêt couverts de feuilles et de châtaignes sont un régal pour les yeux. Un pèlerin de Compostelle nous croise sur son vélo fait de bric et de broc, des poignées renforcées de mousse et de scotch, un panier en acier comme sacoche de guidon où trône une bouteille de Coca-Cola. En milieu de journée, la piste cyclable s’interrompt à la construction d’un barrage. Selon les ouvriers, le chemin n’est pas praticable mais nous tentons le coup. Nos roues s’enfoncent de 20cm dans le limon, mes chaussures de 10cm, nous peinons durant quelques minutes pour finalement atteindre l’autre côté du chantier. Nous bivouaquons dans une clairière à quelques mètres du Rhône.

Nos routes se séparent à la mi-journée, je dois continuer vers Lyon et eux descendent plus au sud. Je m’arrête en fin d’après-midi pour un nouveau bivouac au bord du Rhône. Durant la nuit, le pommier d’à côté lâche ses fruits… »plouf ! », « plouf ! », « toc ! », « plouf ! ».
Le lendemain je profite de l’aménagement de l’Anneau Bleu longeant les berges du Rhône pour rejoindre Villeurbanne puis atteins le centre de Lyon par la ViaRhôna. J’accote mon vélo à l’office du tourisme et y récupère une liste des auberges & hôtel de la ville. En sortant, je rencontre Michel intéressé par ma monture. Ni une ni deux il me propose l’hospitalité pour le week-end…me voilà hébergé au 6ème étage. quelque part au centre de Lyon chez une personne au coeur sur la main…

En regardant un peu en arrière, je me dis que je n’ai pas avancé très rapidement, 385km, et l’idée de suivre le Rhône ne m’a pas amené à Lyon par le chemin le plus direct. Cela ne me déplaît pas, je prends mon temps et ceux qui me connaissent savent que c’est un comportement plutôt nouveau…

Commentaires 12

  1. Babo

    Bonjour d’une maman très émue ! Ton récit me touche. Ton début d’aventure t’a déjà rempli le cœur de belles images et d’amitiés vraies. Et le temps…celui que tu te donnes pour vivre tout ça, est un cadeau que tu te fais! Continue à savourer ! Prends son de toi
    Pura la vida !

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  2. Line

    Magique première semaine d’aventure! Waouw! Au fil des paragraphes tu nous fais passer des larmes aux éclats de rire!! Génial! Merci pour toutes ces nouvelles! Vivement les prochaines 😀
    ++

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  3. Raynald

    Te voilà donc en route et voilà ce que tu vas vivre pendant un an : des rencontres, des lieus, des instants incroyables et inoubliables même sous la pluie. Cela me rappelle trop de souvenirs.
    C’est peut-être ça la vraie vie ?
    Profite à fond de tout et tout le temps !!!!!
    A+

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  4. michel

    Alors Maxime
    Courte étape ce jour !!
    Es tu passé par le Bistrot des Amis , une association d’aide aux plus démunis dans laquelle j’ai travaillé, car tu semble t’être installé juste à ce carrefour !!!!

    Bonne et belle route ensoleillée à toi
    Michel

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      Maxime

      Hello Michel,

      je ne sais pas où est cette association, j’ai roulé environ 50 km et ai quitté Lyon. Je suis à Saint-Denis-Sur-Coise, hébergé au chaud.

      Merci pour ton message et ton formidable accueil lyonnais.

  5. Thomas

    Superbes photos, super récit ! Merci pour les nouvelles !

    Enorme le coup du type avec le vélo rapiécé… Et je trouve super que des gens t’accueillent si facilement. Merci à ceux qui me lisent…!

    En tous cas tu as l’air d’avoir trouvé ton truc, tu vis la vraie vie là, continue, profite, roule et sois prudent !

  6. Grég

    Je rejoins les commentaires précédents, ton récit et tes images sont très intéressantes. D’ailleurs la qualité d’image de tes photos est top pour un compact, je me réjouis de voir des paysages plus dépaysants!

    Profites bien de ton voyage!

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