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Côte atlantique et suite du voyage

Maxime Espagne, Portugal 10 Commentaires

Nous quittons Santiago à la boussole, direction l’ouest ! Surprise au détour d’un virage, l’océan atlantique est enfin visible. Cette frontière naturelle avant l’Amérique a une saveur particulière dans mon voyage. Pas certain de mon amour inconditionnel envers le cyclocamping au début de l’aventure, je m’étais promis de réfléchir à la suite du voyage une fois l’océan atteint.

Après 6 semaines, ma conclusion est simple: oui je continue, mais je ne sais pas exactement où ! Je vais méditer quant au prochain itinéraire en longeant l’océan vers le Maroc.

Sans carte routière, nous parcourons 45 kilomètres au lieu de 15 et bivouaquons pour une dernière fois ensemble. En chemin vers Pontevedra notre petit déj’, tout se passe très vite. Un crissement de pneu dans mon dos et je me retrouve je ne sais comment sur mes pieds à quelques mètres de la route. Mon vélo est couché sur le bas côté. Une sacoche est à terre. Le porte-bagage arrière est légèrement plié à l’endroit où appuyait la sacoche.

Je me rends compte de l’accident et insulte copieusement la voiture arrêtée plus loin. Le conducteur s’approche, mime mouvement de zigzag avec les mains, et me demande :

– « Tu veux aller à l’hôpital ? »

– « Non c’est bon je vais bien, mais fuck ma sacoche est cassée »

– « Tu veux aller à l’hôpital ? »

– « Non ça va je n’ai rien, merci »

Il repart dans sa voiture et je n’essaie même pas d’obtenir son nom.

Une partie du système de fixation de la sacoche ayant explosé à l’impact, nous l’attachons à l’aide d’une sangle et rejoignons Pontevedra. Devant un americano, je relativise la situation. Les conséquences auraient pu être pires mais je ne peux pas continuer le voyage avec une sacoche saucissonnée de la sorte.

Un coup de téléphone au cyclocampeur.ch et me voilà quelques instants plus tard dans le magasin XTREMBIKE de Pontevedra à apprendre au gérant que l’un de ses fournisseur peut livrer du Ortlieb. Je prends mon mal en patience, fais des aller-retour toute la journée entre un café et le magasin. Après 24h d’attente durant lesquelles les informations arrivent au compte goutte, le couperet tombe: toutes les pièces du système de fixation sont achetables au détail SAUF celle dont j’ai besoin ! Nouveau coup de couteau un instant plus tard. La vente à l’unité est impossible, je dois obligatoirement acheter une nouvelle paire de sacoche. Implacable loi du plus fort. Pas le temps de réfléchir longtemps ! Le paiement doit partir dans trente minutes si je ne veux pas attendre lundi. Mon porte-monnaie saigne mais je peux repartir samedi matin. Conséquence heureuse, le matériel en surplus me permet d’agencer mon bazar d’une meilleure manière.

Depuis Vigo commencent les grandes plages de sable et j’entends pour la première fois la mélodie apaisante du va-et-vient des vagues. J’ai de la peine à détourner mon regard de l’océan en longeant la côte. Les couchers  de soleil sur l’océan sont sublimes.

Je m’arrête dans un café, vérifie mes emails et reçois une réponse me mettant tout sourire. L’agence de voyage globetrotter.ch démarchée il y a quelques jours m’a trouvé une possibilité de rejoindre le Brésil en cargo depuis Lisbonne ! Avec un départ planifié le 21 décembre sur le CMA CGM Titus Sambhar, cela me laisse presque trois semaines pour rejoindre Lisbonne distant de 500km, autrement dit largement assez de temps. Je vais peut-être pouvoir aller me balader au sud du Portugal et remonter sur Lisbonne quelques jours avant. Je balaie l’idée du Maroc, l’occasion est trop belle.

Assis au bar, je rencontre Miguel qui enchaîne les Estrella Galicia depuis mon arrivée. Il me parle mais je ne comprends quasiment rien de son galego alcoolisé. Je l’accompagne pour sa prochaine bière et il m’invite à passer la nuit chez lui. En soirée, nous écumons quelques bars et atterrissons dans un pub où l’ont diffuse un match de foot de l’équipe locale. La liqueur de café coule à flot à mesure que je conte mon aventure…Réveil difficile à la mi-journée. J’apprends que Miguel est quant à lui reparti boire des verres toute la nuit ! Il m’accompagne au café à vers 12h30, boit une bière, me salue et retourne se coucher. Mythique !

Je traverse les 250 mètres du fleuve Minho pour entrer au Portugal et remonte le temps d’une petite heure. La sensation de voyage prend une autre dimension en franchissant une frontière naturelle à vélo. J’avance. La route côtière qui se déroule devant moi ne présente pas de grande difficulté mais je fais l’erreur de partir sur un itinéraire secondaire et je me tape 10 kilomètres de mauvais pavés soit une heure de vibration incessantes !. Je bivouaque discrètement à côté d’un pont dans des hautes herbes. L’air est très humide et la température nocturne glaciale. Au réveil toutes mes affaires sont blanches de givre, j’en récolte même assez pour faire une boule de neige ! Séance séchage sur la plage quelques heures plus tard.

Les journées deviennent vraiment courtes, trop courtes. A 8h, le mercure ne dépasse que rarement 4-5° et j’ai pris l’habitude de me réfugier dans un café jusqu’à 10h. A 18h, le soleil disparait déjà et la température chute rapidement. Je commence à en avoir marre de cette saison ! Je passe mon temps à démonter ma tente, me réchauffer, acheter de quoi manger, manger, chercher où dormir, monter la tente, manger, me réchauffer, dormir. J’abhorre ce sentiment de course contre la montre. Alors quand je me perds (une fois de plus !) pendant 25 kilomètre dans la périphérie de Porto, incapable de traverser cette foutue ville à la tombée de la nuit, je fais demi tour et vais dormir à l’aéroport…Je m’allonge sur mon matelas le long d’un mur et réfléchi. Le destin m’a emmené ici pour une bonne raison ! Je me laisse porter par ses signaux et réserve d’emblée last minute. Départ le surlendemain avec Ryannair pour passer quelques jours sur un voilier d’un ami à Barcelone.

Liberté de voyager sans contraintes, je t’aime. Ou presque ! Je passe le matin suivant à trouver une place pour laisser mon vélo et l’après-midi à la rejoindre. Sans mon vélo pour un temps, je me sens encore plus libre..

Commentaires 10

  1. Raphaël

    Génial ton récit! Ça fait plaisir de te lire! Je vis aussi dans l’ambiance voyage ces temps, j’ai traversé pas mal de nouveaux pays ces derniers mois, et la semaine prochaine j’en ajoute encore trois au compteur 😀 Mais ce serait plus jouissif en étant libre comme toi, c’est clair ^^
    Vivement le prochain épisode, et bonne route à toi!

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      Maxime

      La classe, je l’espère ! En tout cas cela me permet de continuer d’avancer tout en douceur.
      Bonne continuation en Asie, quelle aventure t’es en train de réaliser…!

  2. Thomas

    Hannnnnn les photos ! C’est beau, j’adore cette forêt au bord de l’océan… C’est fou l’impression de solitude que ça donne.

    Allez tu seras plus au chaud au Brésil je pense, tu as déjà une idée dans quelle direction tu vas aller ? Argentine puis Terre de Feu ? Courage !

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      Maxime

      Le programme c’est d’aller en Uruguay puis filer rapidement en Patagonie pour profiter de la fin de la belle saison. De ce que j’ai lu/entendu sur le Brésil, c’est un peu suicidaire de s’y aventurer à vélo… Du coup, je vais tenter l’expérience sur quelques jours, prendre un bus si je sens le truc infaisable et gagner ainsi quelques semaines 🙂

      En tout cas, vivement du chaud et des longues journées !

  3. Maurice et Christiane

    Hello!
    Nous te suivons avec un très grand plaisir. Bravo pour tes textes et tes photos….c’est vraiment super.
    Pense à nous si tu vas en Patagonie Argentine, embrasse les manchots et les guanacos. Tu peux te réjouir le pays est superbe et la nourriture excellente (des steak grands comme çà!!!)
    Bisous et à bientôt

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      Maxime

      Hello les Blanc,
      merci pour votre message. La Patagonie est au programme, je suis vraiment impatient d’y être et de goûter « à la meilleure viande du monde » !

      A bientôt

  4. Famille Progin

    Bravo mille fois pour cette aventure fabuleuse photos et textes fantastiques bonne route sois prudent belles fetes de fin d annee bisous myriam
    Merci de nous faire partager ton aventure à 2 roues … ça ferait presque envie, on a voté, mais les mollets, majoritaires, on rejeté cette proposition !!
    Gros bisous
    Famille Progin

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