Escapade au bout du monde

Maxime Argentine, Chili 3 Commentaires

Une route de mauvais ripio (piste en gravier) nous conduit, Josh et moi, de El Chalten à la rive sud du Lac Desierto sur une quarantaine de kilomètres. Je reste concentré sur ma roue avant et me contente de profiter des paysages offerts une fois mes deux pieds sur le sol car l’inattention est douloureuse.Je réussi tout juste à m’offrir la traversée du lac en bateau en réussissant à refiler mes euros et dollars restants. Cela dit ce n’est pas une surprise car
le peso argentin dégringole sérieusement. Sur la dernière année, le peso a perdu 40% de sa valeur par rapport au dollar et ça s’accélère…

Nous campons à la rive nord dans une prairie à la Tolkien à 50 mètres du poste frontière argentin. Le site est splendide avec une magnifique vue sur le Fitz Roy de l’autre côté du lac. Un no man’s land de 23 kilomètres dont les 6 premiers offrent une belle épreuve pour un cycliste chargé relie les deux postes frontière argentins et chiliens. Ce chemin de randonnée est composé de quelques montées abruptes, des ruisseaux glacials et des passages vraiment étroits et nous ne sommes parfois pas trop de deux pour pousser nos montures. Certains passages marécageux nous obligent porter les vélos à vide puis les sacoches sur quelques centaines de mètres.

Après 5 heures intenses, quelques égratignures, des chaussures boueuses et une gourde perdue, nous venons à bout de cette première partie. Nous nous remettons en selle pour quelques kilomètres de ripio et rejoignons le poste frontière chilien après une descente casse-gueule dans la caillasse. Au bord du Lac O’Higgins turquoise, des chevaux blancs paissent paisiblement. Une petite maisonnette en bois bordée d’une clôture de rondins blancs fait office de poste frontière, s’intégrant parfaitement au décor paradisiaque de ce bout du monde.

Nous réveillons le garde pour qu’il tamponne nos passeports et entrons officiellement au Chili. Un bateau fait la liaison – à prix d’or, monopole oblige – entre le petit embarcadère de Candelario Mancilla situé à deux pas du poste frontière et celui de Villa O’Higgins à l’extrémité de l’un des multiple bras du Lac O’Higgins. Trois heures de traversée en compagnie de nombreux cyclistes et nous voilà accueillis à la sortie du bateau par Julie, une française expatriée au Chili et co-gérante avec son ami du camping écologique Tsonek situé juste à la sortie du village. Habituellement très récitent à ce genre d’accueil « attrape-touriste-à-la-sortie », je me laisse tout de même séduire par l’aspect écologique dont j’ignore tout et convaincs Josh.

On y trouve des toilettes sèches, l’eau est chauffée au feu de bois et des panneaux solaires alimentent l’éclairage des douches et de la pièce commune. Les déchets plastiques sont utilisés pour la construction en les transformant en eco-brique (ecoladrillo) obtenu en tassant les déchets plastiques dans une bouteille PET. Je découvre ce mode de vie et apprécie vraiment le cadre. Situé dans un hectare de forêt où aucun arbre n’a été coupé pour le construire, le campement s’intègre parfaitement dans l’environnement et de nombreux oiseaux vivent à proximité. Durant mon séjour j’ai eu l’occasion de voir des Pics de Magellan à l’oeuvre, des Chucao au chant particulier et même de sauver un colibri entré par mégarde dans la pièce commune.

A l’instant où je pose le pied à ce endroit, je me dit qu’il faut que j’y passe d’avantage de temps, et ça tombe bien, du temps, j’en ai. Le lendemain Josh continue sa route et je suis « engagé » comme volontaire pour divers travaux: coupe et tri du bois, isolation d’un réservoir d’eau chaude, petites réparations sur le matériel, cuisine pour le « staff », accueil des campeurs.

Un peu moins de dix jours après mon arrivée, et ayant reporté mon départ au moins trois fois, je me décide enfin à démarrer mon périple sur la fameuse Carretera Austral… Je me souviendrai toujours de ce coin perdu, de ce réel bout du monde où la « route » n’est arrivée qu’en 1999…

Commentaires 3

  1. Cristina

    Hi, Max!
    Wonderfull landscape! But it seems very hard to cycle!
    Well, it wasn’t my ideia you tried « pig ears »!! 😉 Forget about that! You enjoyed everything else (I think…)
    Thank you for showing us your photos! 🙂

  2. Thomas

    Encore des belles photos… C’est vraiment inhabituel ces paysages, on se croirait dans une version « chaude » du Canada ! Très beau en tous cas !

    Avec le ripio tu dois avoir les bras remusclés, c’est genre du powerplate gratuit 😀

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